MAKiNG THE TAiL | Kati |

Kati, organisée comme elle l’était, se trouvait dans une position plus que fâcheuse. Elle était sortie de cours une heure auparavant, plutôt affamée et exaspérée, et s’était rendue chez Starbuck’s, son rendez-vous habituel avec Blair et Isabel. Malheureusement, elle se retrouvait à présent seule dans le magasin, ne sachant pas où était passée la miss Waldorf et grognant de déplaisir en lisant le texto qui lui annonçait qu’Isabel avait une mauvaise grippe. Elle se plaça donc dans la file d’attente étonnamment courte pour une heure de si grande affluence. Elle passa avec gourmandise devant les vitrines remplies de muffins et autres gourmandises toutes aussi appétissantes. Elle entendit son ventre gargouiller dangereusement tandis qu’elle se léchait les babines à l’idée du succulent repas qu’elle pourrait se faire. Pas très équilibré, peut-être, mais tellement bon pour le moral. Pourtant quand elle parvint devant le beau vendeur, elle culpabilisa.

VENDEUR - Bonjour mademoiselle, que désirez-vous?
KATI - Un capuccino s’il vous plait.

Pourquoi la demoiselle Farkas n’avait-elle commandé qu’une simple boisson? Parce qu’elle s’était jurée de commencer un régime quand elle s’était aperçu qu’elle ne rentrait plus dans la belle robe de cocktail Vera Wang que son père lui avait offert pour noël dernier, environ une semaine plus tôt. Puis, elle repensa avec culpabilité à la dizaine de beignets qu’elle avait dévorés la nuit précédente, à tous les gâteaux qu’elle avait mangé hier, en regardant la télévision. En bref, elle passait son temps à manger, et le résultat était qu’elle ne pouvait plus passer sa robe préférée qui avait du coûter très cher à son père. Pas qu’elle se soucie du prix de la robe, loin de là, mais ça lui faisait une raison supplémentaire de se plaindre. Une fois que le vendeur lui eut donné son capuccino, elle paya les deux dollars cinquante et se dirigea vers la sortie. Elle était devant la porte, son gobelet fumant à la main, quand son portable sonna. Elle se farfouilla dans son sac d’une main, l’autre tenant toujours le café, à la recherche de son téléphone. Le sac à main coincé sous le bras, la tasse dans une main, et le portable tenant par miracle entre son épaule et son oreille, elle repoussa la porte avec son pied et manqua de tomber. En effet, le talon de sa chaussure venait de se casser. Elle grogna, elle venait de bousiller sa nouvelle paire de pompes qu’elle avait payée une petite fortune.

KATI - Salut Blair! How are you?............ What?............ Ok!........... Ok, ok!...........................Ok! See you later Blair!

Ok, comble du bonheur, Blair venait de lui annoncer qu’elle mangeait avec Nate ce midi, et qu’elle allait donc devoir rester seule. Kati referma rageusement son portable, se renversant au passage une copieuse partie de son café. Elle regarda la tache qui s’était formée sur son pull, désemparée. Que faire à présent? Elle avait une de ses chaussures qui faisait 14 centimètres, alors que l’autre plafonnait à 2 centimètres, un pull taché, un café à moitié vide avant même qu’elle n’ait commencé à le boire, aucun ami dans les environs, et elle était affamée. Un beau programme en perspective. Et elle restait plantée devant le Starbuck’s comme une idiote. Déjà, première initiative, elle ne devait pas rester ici. Deuxième initiative, elle ne pouvait pas rester comme ça. Elle s’approcha donc d’une poubelle et jeta la tasse de café sans même y avoir goûté. Elle retira ses chaussures et les fit voler vers la même destination que le capuccino. Et le pull Chanel qu’elle avait acheté la semaine précédente n’échappa pas à ce sort. Elle était maintenant plantée devant la poubelle qui était devant le Starbuck’s, toujours aussi affamée, mais pieds nus et bras nus à présent. Elle fouilla dans son sac pendant deux minutes avant d’en extirper la carte de crédit spéciale urgence que lui avait donné son père. Bien, comme elle reprenait les cours à deux heures, et qu’il était onze heure et demi, elle avait bien le temps d’aller s’acheter de quoi être un peu plus présentable.

Vers midi et quart, elle sortit de chez Barney’s avec un cardigan gris perle flambant neuf et des chaussures encore plus vertigineuse que les précédentes avec de magnifiques talons de 18 centimètres. Elle avait aussi une dizaine de sacs sur les bras estampillés du nom du magasin. Elle sortit son portable et appela son chauffeur pour qu’il vienne l’en débarrasser, elle ne pouvait décemment pas aller en cours avec les bras aussi encombrés. Elle laissa donc tous ses achats à l’accueil du magasin et reprit le chemin du Starbuck’s Coffee. Malheureusement, la queue avait largement augmenté depuis son départ, et l’idée d’attendre pendant une demi-heure juste pour un café ne l’enthousiasmait pas vraiment. Elle continua sa route jetant de rapides coups d’œils aux vitrines. Son ventre n’arrêtait pas de manifester son envie de nourriture, c’était insupportable. Quand elle passa devant le Croissant’s Place, elle ne put plus résister. Elle se jura de continuer son régime plus tard, ce qu’elle faisait à chaque fois, se disant qu’elle méritait bien une petite pose, et qu’un croissant chaud, ce n’était pas gras du tout. Et puis, elle n’allait tout de même pas manger une salade, tout le monde peut vous affirmer qu’il n’y a rien de plus indigeste. Elle rentra donc dans la petite boulangerie française et pris sa place dans la courte file d’attente. Une dizaine de personnes, ça allait encore.